Chacun d’entre nous s'est rendu au moins une fois à la mairie, pour des démarches administratives ou une demande de renseignements. Mais savez-vous depuis quand emploie-t-on le mot mairie ?

Un peu d’histoire

Après les premiers temps antiques où les villes sont gouvernées d’une main de fer par des chefs laïcs ou religieux autoritaires, les habitants ont rapidement souhaité intervenir dans la gestion des cités. En Grèce, dès le Vème siècle, les citoyens participent à la vie locale en s’exprimant sur l’agora, la place centrale de la cité. Au Moyen-âge, l’évêque et le seigneur des environs jouent un rôle majeur dans le gouvernement de la cité. Mais dès le XIIème siècle, les habitants des villes françaises s’organisent pour affirmer leur indépendance. Des associations de commerçants et d’artisans se forment et prennent la tête de l’ensemble des habitants des bourgs, les « bourgeois ». Souvent appelée « maison commune » au Moyen-âge, la mairie abrite les réunions du corps municipal (échevinage dans la France du Nord, consulat dans le midi), et exprime dignement l’autonomie politique de la ville.

 

Toutefois, nombreuses sont les villes qui tarderont à se doter d’une maison commune, le corps municipal se réunissant dans les églises ou chez des particuliers.

Les villes françaises grandissent avec des règles différentes jusqu’à la Révolution qui impose les mêmes textes de loi pour les 44 000 villes, bourgs et paroisses. En 1790, après une longue pratique officieuse, les premières véritables élections municipales sont organisées.

En 1884, l’élection du maire par le conseil municipal fait enfin l’objet d’une loi qui impose le mot « mairie » et l’obligation pour chaque commune d’avoir un bâtiment réservé à cet usage.

La mairie d’Audruicq

Une des préoccupations principales des magistrats qui se sont succédé à Audruicq du début du 18ème siècle à 1870 environ, était d’officier dans une mairie digne de ce nom. Dès la Révolution, la municipalité se plaint du mauvais état de la maison commune. Une pièce dans une auberge qui se trouvait à l’angle de la rue du Général Leclerc et de la rue Saint-Martin (actuellement un fleuriste).

En 1822, le premier magistrat communal répond au préfet suite aux observations de l’inspecteur des archives concernant le défaut de classement. Le maire fait remarquer que l’exiguïté des lieux à sa disposition ne permet pas de régulariser l’ordre des dossiers. Nous sommes logés écrit-il « au cabaret ». Bref, les maires passent mais le bâtiment reste un sujet préoccupant ; C’est vers les années 1850 que la construction d’un hôtel de ville est envisagée. (Les premiers projets remontaient en 1811 et 1818).

En 1862, le maire Evrard, dans son discours d’investiture rappelle avec amertume qu’il n’a pas encore réalisé « le rêve de marquer son suffrage aux affaires par une création qui aurait embelli notre place d’un établissement communal ».

C’est seulement dans les années 1870 que la commune va se doter d’un bâtiment communal convenable. En effet, le 14 juillet 1875, le Conseil municipal est réuni en séance extraordinaire. Le maire expose à l’Assemblée que Monsieur Edmond Dupont, propriétaire du château a fait connaître au conseil, l’intention de céder à la commune la maison qu’il possède sur la place moyennant le prix de 3000 francs. C’est ainsi que les services municipaux prendront place dans le bâtiment situé place du Général de Gaulle (l’actuelle médiathèque) jusqu’en 2004, date à laquelle les services déménageront dans le château.

Auteur : Philippe CARON